Vue sur glycine
La glycine, plantée le premier automne de notre arrivée dans cette maison, c'était il y a bientôt 7 ans déjà, conformément aux vieilles cartes postales retrouvées, c'est-à-dire le long de la façade principale côté cour, et qui chaque année, fleurit de plus belle et s'étend jusqu'à bientôt couvrir les deux ailes, allant se mêlant au chèvrefeuille jusqu'à l'étouffer... quel bonheur chaque matin et soir de s'enivrer de son parfum amplifié par la rosée du matin ou l'humidité du soir tombant et de contempler ses grappes fleuries...
Le terme "glycine" évoque toujours pour moi ce texte appris à l'école primaire... je remercie les instituteurs que j'ai pu avoir, car je me souviens à peu près de toutes les poésies et autres extraits d'oeuvres que nous devions savoir par coeur et j'aime à me les réciter... c'est ainsi que je me remémore ce merveilleux texte de Colette extrait de "La maison de Claudine":
« Où sont les enfants ? »
C'est alors que paraissait, sous l'arceau de fer ancien que la glycine versait à gauche, ma mère, ronde et petite en ce temps où l'âge ne l'avait pas encore décharnée. Elle scrutait la verdure massive, levait la tête et jetait par les airs son appel : « Les enfants ! Où sont les enfants ? »
Où ? Nulle part. L'appel traversait le jardin, heurtait le grand mur de la remise à foin, et revenait, en écho très faible et comme épuisé : « Hou… enfants… »
Nulle part. Ma mère renversait la tête vers les nuées, comme si elle eût attendu qu'un vol d'enfants ailés s'abattît. Au bout d'un moment, elle jetait le même cri, puis se lassait d'interroger le ciel, cassait de l'ongle le grelot sec d'un pavot, grattait un rosier emperlé de pucerons verts, cachait dans sa poche les premières noix, hochait le front en songeant aux enfants disparus, et rentrait.
Cependant, au-dessus d'elle, parmi le feuillage du noyer, brillait le visage triangulaire et penché d'un enfant allongé, comme un matou, sur une grosse branche, et qui se taisait.
Pour l'intégralité du texte, c'est par là... ce petit billet m'a donné l'envie de me replonger dans ce chef d'oeuvre, mais version papier, tellement plus agréable.
N.B.: photo en haut à droite: cloches anciennes servant à blanchir les salades.